28/04/2025
Les finances publiques des pays de la zone euro en 2024
François ECALLE
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Les comptes provisoires des administrations publiques des pays de l’Union européenne publiés le 22 avril par Eurostat permettent de faire une première analyse de la situation des finances publiques en France et dans les pays de la zone euro en 2024 et de la comparer à celle de 2019, dernière année avant les crises (sanitaire puis énergétique).
Le déficit public de la France s’est établi à 5,8 % du PIB en 2024, alors que le déficit moyen de la zone euro représentait 3,1 % du PIB. Le déficit de la France était le premier de la zone, loin devant ceux de l’Italie (3,4 % du PIB) et de l’Allemagne (2,8 %). Sept pays avaient un déficit inférieur à 3,0 % du PIB et cinq autres dégageaient un excédent (dont la Grèce, l’Irlande et le Portugal).
Le déficit public français a augmenté de 3,4 points de PIB entre 2019 et 2024, contre 2,6 points pour le déficit moyen de la zone euro. En Allemagne, le solde s’est dégradé de 4,1 points.
En pourcentage du PIB, l’augmentation de 3,4 points du déficit public en France a résulté d’une diminution de 1,7 point des recettes des administrations publiques et d’une hausse de 1,8 point de leurs dépenses. Dans la zone euro, l’augmentation de 2,6 points du déficit a résulté d’une stabilité des recettes et d’une hausse de 2,6 points des dépenses.
Avec des dépenses publiques égales à 57,1 % du PIB en 2024, la France est passée au deuxième rang de la zone euro, derrière la Finlande (57,6 % du PIB). La moyenne de la zone était de 49,6 % du PIB et les dépenses de l’Allemagne représentaient 49,5 % de son PIB. De 2019 à 2024, la hausse des dépenses a été particulièrement forte en Allemagne (3,9 points) et en Espagne (3,4 points).
La France était en 2024 à la troisième place pour le rapport des recettes publiques au PIB (51,3 %), derrière la Finlande et l’Autriche. La moyenne de la zone était de 46,5 % du PIB et les recettes de l’Allemagne représentaient 46,8 % de son PIB. De 2019 à 2024, ce ratio a été quasi-stable en Allemagne et s’est accru de 3,3 points en Espagne.
A la fin de 2024, la dette publique de la France représentait 113,0 % du PIB et se situait à la troisième place de la zone euro, derrière celles de la Grèce (153,6 % du PIB) et de l’Italie (135,3 % du PIB). La moyenne de la zone était 87,4 % du PIB. Six pays avaient une dette supérieure à 95 % du PIB. Les quatorze autres avaient une dette inférieure à 82 % du PIB, notamment l’Allemagne (62,5 % du PIB), dont neuf où elle était inférieure à 60 % du PIB.
De 2019 à 2024, la hausse de la dette a été de 14,8 points en France, ce qui constitue la plus forte progression après celle de la dette finlandaise, alors que la hausse moyenne de la zone euro a été de 3,8 points. Elle a été de 3,8 points en Allemagne et de 1,4 point en Italie. La dette publique a le plus diminué en Grèce, à Chypre et au Portugal. Elle a baissé de 4,4 points aux Pays-Bas.
A) Le déficit public
Le déficit public de la France s’est établi à 5,8 % du PIB en 2024, alors que le déficit moyen de la zone euro représentait 3,1 % du PIB. Le déficit de la France était le premier de la zone euro et le troisième de l’Union européenne (derrière ceux de la Roumanie et de la Pologne), loin devant ceux de l’Italie (3,4 % du PIB) et de l’Allemagne (2,8 %). Sept pays avaient un déficit inférieur à 3,0 % du PIB et cinq autres dégageaient un excédent, dont la Grèce, l’Irlande et le Portugal qui avaient connu une grave crise de leurs finances publiques au début de la précédente décennie.

Source : Eurostat ; FIPECO.
Le déficit public français a augmenté de 3,4 points de PIB entre 2019, où il était le deuxième de la zone euro, et 2024, contre 2,6 points pour le déficit moyen des administrations publiques de la zone. C’est en Autriche que le déficit a le plus augmenté (+ 5,2 points). En Allemagne, le solde s’est dégradé de 4,1 points. Il n’a quasiment pas changé en Espagne et l’excédent dégagé en 2019 s’est accru au Portugal, en Grèce et en Irlande.
En pourcentage du PIB, l’augmentation de 3,4 points du déficit public en France de 2019 à 2024 a résulté d’une diminution de 1,7 point des recettes des administrations publiques et d’une hausse de 1,8 point de leurs dépenses. Dans la zone euro, l’augmentation de 2,6 points du déficit résulte d’une stabilité des recettes et d’une hausse de 2,6 points des dépenses. Autrement dit, les dépenses ont moins augmenté que la moyenne en France mais les recettes y ont été réduites, ce qui n’a pas été le cas en moyenne dans la zone euro.
En Allemagne, la dégradation de 4,1 points du solde s’explique par une augmentation de 3,6 points des dépenses et une baisse de 0,4 point des recettes.
B) Les dépenses publiques
Avec des dépenses publiques égales à 57,1 % du PIB en 2024 (crédits d’impôts inclus), la France est passée au deuxième rang de la zone euro et de l’Union européenne, derrière la Finlande (57,6 % du PIB). La moyenne de la zone euro était de 49,6 % du PIB et les dépenses de l’Allemagne représentaient 49,5 % de son PIB (les raisons pour lesquelles les dépenses publiques sont rapportées au PIB sont précisées dans une autre note). Ce ratio était inférieur à 50 % dans 15 pays de la zone.
Parmi les principaux pays, l’Italie et la Belgique étaient relativement proches de la France avec des ratios compris entre 50 et 55 % du PIB alors que les Pays-Bas en étaient très éloignés (43,9 %).
Les dépenses publiques ont augmenté de 1,8 points de PIB en France entre 2019, où elle était au premier rang, et 2024, contre 2,6 points en moyenne dans la zone euro. Dans les principaux pays, leur hausse a été nettement plus forte en Allemagne (3,9 points) et en Espagne (3,4 points). Elle a été particulièrement faible au Portugal (0,3 point).

Source : Eurostat ; FIPECO.
C) Les recettes publiques
Les recettes publiques comprennent les prélèvements obligatoires (PO) et des recettes « non obligatoires » comme les redevances d’utilisation du domaine public, les dividendes des entreprises dans lesquelles l’Etat détient une participation ou encore le produit de la vente de services par les administrations.
La France était en 2024 à la troisième place de la zone euro, et de l’Union européenne, pour le rapport des recettes publiques au PIB (51,3 %), derrière la Finlande (53,2 %) et l’Autriche (51,6 %). Un seul autre pays avait des recettes supérieures à 50 % de son PIB, la Belgique. La moyenne de la zone euro était de 46,5 % du PIB et les recettes de l’Allemagne représentaient 46,8 % de son PIB. Celles de l’Espagne étaient de seulement 42,3 % de son PIB.
Ce ratio a diminué de 1,7 point de PIB en France entre 2019, où elle était au premier rang, à 2024 alors qu’il n’a pas changé en moyenne dans la zone euro. Il a baissé de 0,1 point en Allemagne. La France est le pays où il a le plus diminué. Dans les grands pays, il s’est particulièrement accru en Espagne (3,3 points de PIB).
Il faudrait approfondir l’analyse en distinguant ce qui résulte des prélèvements obligatoires et des autres recettes publiques. S’agissant des prélèvements obligatoires, il faudrait distinguer ce qui relève des mesures nouvelles et de leur élasticité au PIB, ce qui n’a pas pu être fait dans le cadre de cette note.

Source : Eurostat ; FIPECO.
D) La dette publique
A la fin de 2024, la dette publique de la France au sens du traité de Maastricht représentait 113,0 % du PIB et se situait à la troisième place de la zone euro, et de l’Union européenne, derrière celles de la Grèce (153,6 % du PIB) et de l’Italie (135,3 % du PIB). La moyenne de la zone était 87,4 % du PIB.
Six pays de la zone euro avaient une dette supérieure à 95 % du PIB (le niveau de celle du Portugal). Les quatorze autres avaient une dette inférieure à 82 % du PIB (le niveau de celles de la Finlande et de l’Autriche), notamment l’Allemagne (62,5 % du PIB). Neuf d’entre eux avaient une dette inférieure à 60 % du PIB, notamment les Pays-Bas (43,3 % du PIB).
La hausse de la dette en pourcentage du PIB a été de 14,8 points en France entre 2019, où elle était au quatrième rang, et 2024, ce qui constitue la plus forte progression après celle de la Finlande (16,8 points), alors que la hausse moyenne dans la zone euro a été de 3,8 points. La hausse a été de 3,8 points en Allemagne, de 1,4 point en Italie et de 4,1 points en Espagne. La dette publique a le plus diminué en Grèce (- 29,6 points), à Chypre (- 27,3 points) et au Portugal (-21,2 points). Elle a baissé de 4,4 points aux Pays-Bas.

Source : Eurostat ; FIPECO.