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20/11/2025

Les prélèvements obligatoires en France et dans la zone euro en 2024

François ECALLE

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Cette note présente un panorama des prélèvements obligatoires (PO) en 2024 en France et dans la zone euro. La synthèse en caractères gras ci-dessous ne compare la France qu’avec la moyenne de la zone euro mais la suite du texte permet de la situer par rapport aux principaux pays de la zone, notamment l’Allemagne.

Malgré une baisse de 2,4 points depuis 2016, le taux des prélèvements obligatoires (PO) de la France en 2024 (45,3 % du PIB selon Eurostat) reste le premier de la zone euro (à égalité avec l’Autriche si on soustrait les cotisations de retraite de l’Etat employeur). Il est supérieur de 4,4 points de PIB au taux moyen de la zone.

Les impôts sur la production, qui forment un ensemble hétérogène, contribuent pour 2,2 points à cet écart entre les taux de PO en France et dans la zone euro (dont 1,5 point pour ceux payés par les sociétés). Malgré la baisse engagée en 2021, la France est encore au premier rang de la zone.

Le poids des cotisations sociales a nettement diminué en France ces dernières années, mais il est encore supérieur de 1,8 point à la moyenne de la zone euro en 2024. En particulier, le poids des seules cotisations patronales, après déduction de tous les allègements de charges sociales, reste supérieur de 2,3 points à cette moyenne.

Si le poids de la TVA en France est seulement un peu plus élevé que la moyenne de la zone euro en 2024 (de 0,2 point), celui des autres impôts sur la consommation (carburants, tabacs, alcools…) lui est supérieur de 0,6 point.

Le poids des impôts sur les revenus des ménages (CSG et autres prélèvements sociaux inclus) a augmenté en France ces dernières années avec la hausse de la CSG et il est en 2024 de 9,4 % du PIB, soit un taux inférieur de seulement 0,2 point à la moyenne européenne. L’impôt sur le revenu au sens strict reste cependant très faible en France (3,4 % du PIB).

Le poids de l’impôt sur les bénéfices des sociétés en France en 2024 (2,9 % du PIB) est légèrement inférieur à la moyenne de la zone euro (3,2 %).

Les « impôts en capital » (droits sur les successions et donations) représentent 0,7 % du PIB en France en 2024, pour une moyenne de 0,3 % dans la zone euro.

Les impôts sur la production des entreprises, l’impôt sur leurs bénéfices et les cotisations des employeurs contribuent au total pour 3,5 points, soit pour 80 %, à l’écart de 4,4 points entre le taux de PO français et le taux moyen de la zone euro en 2024.

A) La vue d’ensemble

Pour Eurostat, les crédits d’impôts sont des subventions enregistrées parmi les dépenses publiques et ne sont donc pas déduits des prélèvements obligatoires (PO) alors que l’Insee les déduit tout en les incluant dans les dépenses publiques[1]. En outre, contrairement à l’Insee, Eurostat inclut les cotisations que les Etats versent pour financer les retraites de leurs agents (cotisations dites « imputées ») dans les PO[2]. Le taux affiché par Eurostat pour la France (45,3 % du PIB en 2024) est donc supérieur à celui qui est publié par l’Insee (42,8 % du PIB). Comme il s’agit ici de faire des comparaisons européennes, les statistiques d’Eurostat ont été retenues.

Malgré une baisse de 2,4 points entre 2016 et 2024, le taux des PO de la France (45,3 % du PIB) reste le premier de la zone euro en 2024, devant celui de la Belgique (45,1 %)[3]. L’écart est de 4,4 points avec la moyenne de la zone (40,9 %) comme avec l’Allemagne (40,9 %).  

Source : Eurostat ; FIPECO

Si on déduit les cotisations de retraite de l’Etat employeur, dont la nature (cotisations ou subventions) est discutée, la France reste à la première place de la zone euro avec un taux de 43,5 %, à égalité avec l’Autriche et devant la Belgique (42,8 %). Le taux allemand est alors de 39,7 %.

La décomposition des PO selon la nomenclature de la comptabilité nationale, en pourcentage du PIB, montre que les impôts sur la production constituent la principale source d’écart avec la moyenne de la zone euro et avec l’Allemagne en 2024. Les cotisations sociales sont plus élevées en France que dans la moyenne de la zone euro mais plus faibles qu’en Allemagne. Les impôts sur la consommation sont plus élevés en France que dans la zone euro et qu’en Allemagne. Les impôts sur les revenus des ménages (y compris CSG et autres prélèvements sociaux) sont en France proches de la moyenne de la zone euro et de ceux de l’Allemagne. Les impôts sur les bénéfices des sociétés sont en France, comme en Allemagne, un peu plus faibles que dans la moyenne de la zone euro. Les impôts en capital (droits de donation et succession) sont plus élevés en France que dans la moyenne de la zone et qu’en Allemagne.

Les prélèvements obligatoires en 2024 en % du PIB

Prélèvements 

France

Allemagne

Zone euro

Cotisations sociales

16,5

17,5

14,7

Impôts sur la consommation

11,2

9,4

10,4

Impôts sur la production

4,4

1,0

2,2

Impôts sur les revenus des ménages

9,4

9,2

9,6

Impôts sur les bénéfices des sociétés

2,9

2,9

3,2

Impôts en capital (donations et successions)

0,7

0,2

0,3

Autres impôts

0,2

0,6

0,4

Total

45,3

40,9

40,9

Source : Eurostat ; FIPECO ; cotisations imputées à l’Etat employeur incluses.

B) Les principaux prélèvements obligatoires

1) Les cotisations sociales

Le poids des cotisations sociales (cotisations « imputées » incluses pour être cohérent avec le total des PO) a nettement baissé en France ces dernières années (du fait de la substitution CSG / cotisations et de la transformation du CICE en allègements de cotisations) jusqu’à 16,5 % du PIB en 2024. S’il reste supérieur à la moyenne de la zone euro (14,7 % en 2024), il est désormais inférieur à celui de l’Allemagne (17,5 %).

La France continue toutefois de se distinguer par le poids des cotisations des employeurs (10,0 % du PIB en 2024, hors cotisations imputées parce qu’elles ont une signification particulière), qui la situe au deuxième rang de la zone euro (derrière l’Estonie), la moyenne étant de 7,7 % du PIB. Ces montants de cotisations correspondent à ce qui est effectivement payé par les entreprises après déduction de tous les allègements de cotisations. Il ne faut donc pas mettre ces « aides aux entreprises » en face des cotisations patronales pour en relativiser le poids. Les cotisations patronales ne représentent que 7,0 % du PIB en Allemagne.

Les cotisations payées par les ménages (salariés, non-salariés et retraités) sont en revanche plus faibles en France (4,7 % du PIB) que dans la zone euro (6,0 %) et en Allemagne (9,4 %).

Source : Eurostat ; FIPECO. Hors cotisations imputées.

2) Les impôts sur la consommation

Le total des impôts sur la consommation était plus élevé en France en 2024 (11,2 % du PIB) que dans la zone euro (10,4 %) et qu’en Allemagne (9,4 %). Cela tient assez peu à la TVA, dont le poids n’était que très légèrement supérieur en France (de 0,2 point par rapport à la moyenne de la zone), et plus aux taxes spécifiques à des produits particuliers (écart de 0,6 point de PIB avec la moyenne de la zone euro) : énergie, tabacs, alcools, assurances etc.

Source : Eurostat ; FIPECO

Le taux normal de TVA en %

France

Allemagne

Italie

Espagne

Pays-Bas

Belgique

20

19

22

21

21

21

Source : Commission européenne ; FIPECO

Le taux normal de la TVA en France est proche de celui des autres grands pays de la zone euro. En tenant compte des taux réduits, le taux moyen de taxation est un peu plus faible en France mais il s’applique à une assiette plus large (cf. fiche de l’encyclopédie).

Le tableau suivant fait apparaitre le poids des taxes sur les carburants (hors TVA) en euros par hectolitre dans les principaux pays de la zone en juillet 2024.

Les accises sur les carburants (hors TVA) en juillet 2024 en centimes d’euros par litre

France

Allemagne

Italie

Espagne

Pays-Bas

Belgique

Essence

69

65

73

47

79

60

Gazole

61

47

62

38

52

60

Source : commission européenne ; FIPECO

Ces taux sont plus forts en France que dans ces pays, à l’exception de l’Italie (pour essence et gazole) et des Pays-Bas (essence). Ils sont particulièrement faibles en Espagne.

3) Les impôts sur la production

Les impôts sur la production forment un ensemble hétérogène de taxes sur les salaires (comme le versement mobilités en France), les actifs physiques (comme les taxes foncières), le chiffre d’affaires (comme la contribution sociale de solidarité des sociétés) ou la valeur ajoutée (comme la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises).

Malgré la baisse engagée en 2021, avec notamment une forte réduction du taux de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, ils restent en 2024 supérieurs de 2,2 points à la moyenne de la zone euro et de 3,4 points à ceux de l’Allemagne. La France est encore au premier rang de la zone en 2024[4].

Une partie des impôts sur la production est payée par les ménages : il s’agit des taxes foncières à leur charge, les comptables nationaux considérant que les ménages propriétaires de logements sont producteurs de services de logement. Les impôts sur la production payés par les sociétés (donc hors entreprises individuelles) représentaient 2,9 % du PIB en France en 2024 pour une moyenne de 1,4 % dans la zone euro et 0,7 % en Allemagne.

Source : Eurostat ; FIPECO

4) Les impôts sur les revenus des ménages

S’agissant des impôts sur les revenus des ménages, la France a rattrapé en 2018 la moyenne européenne avec la hausse de la CSG en remplacement de cotisations sociales salariales. Elle en est très proche en 2024 (9,4 % du PIB contre 9,6 %). L’Allemagne en est légèrement inférieure (9,2 % du PIB). Toutefois, le poids de l’impôt sur le revenu (IR) au sens strict (hors CSG et prélèvements sociaux sur les revenus du capital) reste en France, à 3,4 % du PIB, nettement inférieur à celui des autres pays.

Source : Eurostat ; FIPECO

Le tableau suivant présente les taux marginaux supérieurs des impôts sur le revenu dans les principaux pays de la zone euro en 2023. Le taux de 51,5 % qui apparaît pour la France correspond au total de l’IR et de la CSG, compte-tenu de sa déductibilité partielle de l’assiette de l’IR, mais ne tient pas compte de la contribution de 3 % ou 4 % sur les plus hauts revenus.

Le faible poids de l’IR au sens strict dans le PIB en France tient surtout à une assiette plus étroite, ce qui résulte pour partie du poids des cotisations sociales et de la CSG déductibles, de taux plus faibles sur les premières tranches du barème (et nuls pour plus de la moitié des ménages) et de dépenses fiscales importantes.

Les taux marginaux supérieurs des impôts sur le revenu en 2023

France

Allemagne

Italie

Espagne

Pays-Bas

Belgique

51,5

45,0

43,0

45,0

49,5

53,0

Source : Commission européenne ; FIPECO.

5) Les impôts sur les bénéfices des sociétés

Le produit de l’impôt sur les sociétés (avant déduction des crédits d’impôt) représentait un pourcentage du PIB en France (2,9 %) un peu plus faible que dans la moyenne de la zone euro (3,2 %) et identique à celui de l’Allemagne en 2023. Parmi les grands pays, le poids de l’IS était plus important aux Pays-Bas et en Belgique.

Source : Eurostat ; FIPECO

Après sa baisse au cours des années 2018 à 2022, le taux légal supérieur de l’impôt sur les sociétés en France (y compris la contribution « sociale » sur les bénéfices des sociétés qui s’ajoute à l’IS) est désormais du même ordre de grandeur que celui des autres grands pays de la zone euro et nettement inférieur à celui de l’Allemagne (impôt local sur les sociétés inclus).

La comparaison des taux légaux supérieurs d’imposition est toutefois trompeuse car, d’une part, il existe des taux minorés, voire nuls, sur certains revenus et pour certaines entreprises et, d’autre part, le bénéfice fiscal n’est pas mesuré partout de la même manière. Pour mieux apprécier le poids réel de l’impôt sur les sociétés, la Commission européenne, comme d’autres organisations internationales, rapporte l’IS collecté par les administrations publiques, sans en déduire les crédits d’impôts, à l’excédent net d’exploitation des sociétés mesuré par les comptables nationaux (ratio dénommé « taux effectif moyen » ou « taux implicite »). Sous réserve des problèmes de comparabilité entre pays que peut poser l’estimation de l’excédent net d’exploitation, le taux implicite français est au neuvième rang de la zone euro en 2023.

L’imposition des bénéfices des sociétés

France

Allemagne

Italie

Espagne

Taux légal supérieur 2023

25,8

29,9

27,8

25,0

Taux effectif moyen en 2023

22,6

29,7

23,9

25,7

Pays-Bas

Belgique

Taux légal supérieur 2023

25,8

25,0

Taux effectif moyen en 2023

22,8

23,8

Source : « tendances de la fiscalité » Commission européenne, 2025 ; FIPECO.

6) Les droits sur les successions et donations

Les « impôts en capital » (droits sur les successions et donations) sont en France en 2024 les plus élevés de la zone euro en pourcentage du PIB (0,7 %), à égalité avec ceux de la Belgique. La moyenne européenne est de 0,3 % du PIB et le taux allemand est de 0,2 %.

Source : Eurostat ; FIPECO

 

[1] Ce qui l’oblige à enregistrer une recette publique fictive hors PO pour ne pas déséquilibrer le compte des administrations publiques. Les crédits d’impôt représentaient, selon Eurostat, 0,7 % du PIB en 2024 en France et 0,3 % en moyenne dans la zone euro.

[2] Ce qui permet de comparer le montant des cotisations avec les pays où elles sont réellement payées par l’Etat à des caisses de retraite.

[3] Il est le deuxième de l’Union européenne, derrière celui du Danemark (45,8 %).

[4] Et au deuxième rang de l’Union européenne, loin derrière la Suède (10,2 % du PIB) où ces impôts remplacent pour une grande part les cotisations sociales patronales.

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